Le Théâtre Jean Thomas et le trio Mylène Hals au Chapeau Rouge en Avignon

Au Théâtre du Chapeau rouge, il n’y a que 33 places mais c’est plein tous les soirs  On se tasse dans ce minuscule clapier à théâtre pour y écouter la belle parole: « Cours-y vite ! Cours-y vite !» Il y a deux ans la compagnie Jean Thomas y avait déjà présenté un excellent « Van Gogh, suicidé de la société » d’Antonin Artaud interprété par Patrick Guindolet, cette année, ce sont « Verlaine, Rimbaud, Baudelaire» qui s’y retrouvent. Michel Paume, blanche crinière et sourire bonhomme endosse tous les manteaux, en toute simplicité, on dirait sans effort tant il est habité par ces voyous-là. Ça nous rappelle quelque chose, à lui et à nous. Pas besoin de forcer, il y a les poèmes, quelques-uns inattendus, qui portent et emportent et font leur chemin, rafraîchissant, dans nos esprits chauffés à blanc. Aux côtés de Michel Paume, il y a le Trio Hals : « De la musique avant toute chose ». Ça jazze et ça swing allégrement, goulûment, excellemment sans jamais manger le texte : césures, respirations, accélérations, stops, moderatos, fortissimos, tout colle au quart de poil. Y’a du boulot là-dedans. Nous, « Gaspard », on l’a trouvé très beau. Les compositions, judicieuses, sont de Mylène Halsberger, qui chante aussi, accompagnée brillamment et délicatement par Philippe Regimbeau (contrebasse) et Michel Martel (batterie). Une perle. « Tout est calme et beauté, luxe calme et volupté ».

Michel Paume nous invite encore au meilleur : « Enivrez-vous, que ce soit de vin, de poésie ou de vertu ». La musique gonfle de plaisir. Michel danse (ça il faut le voir). On va boire un coup. « Tout le reste est littérature ».

Alain Leverrier (L’écho de Bologne)